Mort
C'est une peur intérieure, invisible qui me colle au corps, qui ne partira pas je crois. Cette peur ne me pousse pas à crier. Mes pupilles restent inchangées. Mais mon cœur s'accélère. Mon visage est figé comme dans de profondes pensées. Puis elle s'arrête. L'esprit s'échappe car il ne peut affronter, ni imaginer.
La mort. La mort du corps et de l'esprit. Les croyants ont une chance extraordinaire. Je les envie parfois. Ils ne redoutent pas la fin. La foi est un cadeau sans nom, un héritage fabuleux qui protège de cette peur. C'est un cadeau de bonheur. Je n'ai pas eu ce cadeau, ni cette chance de croire mais j'en ai eu beaucoup d'autres : la santé, la paix, l'équilibre...
J'ai l'esprit rationnel. Je sais qu'à la mort, tout s'arrête. Cela ne peut pas être autrement. Mon âme n'est qu'un sac de neurones. Des synapses, des axones et rien d'autres. Lorsque le cœur s'arrête, la matière grise ne tient pas longtemps. Peut être quelques secondes, voir quelques minutes, je ne sais pas. C'est probablement durant ces derniers instants que le "tunnel" apparaît. Mais après. Rien. Le vide. Le néant. Aucune couleur. Aucune couleur. Aucun sens. Plus de souvenirs. Pas de demain.
J'ai peur de ce néant ... infini. L'inexistence me fait terriblement peur. Quitter ceux qu'on aime, quitter cette Terre fabuleuse pour aller nul par ailleurs. Disparition sans retour. L'esprit est soufflé tel la flamme d'un bougie. Cette flamme fragile, merveilleuse ne peut pas être rallumer.
Allumer une nouvelle flamme, sans la transmission d'une foi est quelque part un "cadeau empoisonné".
Mon pépé écrivait dans un de ses jolis poèmes qu'il aurait préféré qu'on ne lui donne pas vie pour lui éviter cette peur.
Je le comprends parfaitement. Je suis parfois entièrement d'accord avec lui.
Si seulement je pouvais m'envoler...
Photo de Fiona